mardi 29 novembre 2022

Louis-Marie Barnier

Qui suis-je ?

Sociologue du travail, mes domaines de recherche recouvrent la santé au travail, le syndicalisme, le transport aérien.

Je suis membre de la Fondation Copernic et du Conseil scientifique d’ATTAC.

Je suis docteur en sociologie. Je suis chercheur associé au Laboratoire d’Economie et de Sociologie du Travail (LEST) - CNRS-AMU, Habilité à Dirigé des Recherches.

http://www.lest.cnrs.fr/spip.php?article913

Zone de Texte: Bienvenue sur mon site Web !
J'ai souhaité mettre à votre disposition des textes publiés (ou non) sur les thèmes du travail et de la santé au travailk, du syndicalisme, de la formation professionnelle et du transport aérien.  
Ci-dessous, vous trouverez les textes récents ainsi que des tribunes et textes courts en réaction à l'actualité.

Accueil

Ellipse: « Il y a une immanence, un ‘inconscient’, un insu dans la vie sociale, que la sociologie s’efforce de saisir (…) La critique de la société est toujours l'exigence, le besoin d'une autre société »
Pierre NAVILLE, le Nouveau Léviathan

 

Nouveaux textes :

 

Accueil :

· Louis-Marie Barnier, Elena Mascova et Jean-Marie Pillon,  « Assurance chômage : les intérimaires n’ont pas à choisir entre le revenu et la santé », Tribune, Libération, 28 novembre 2022. Texte en PDF.

· Barnier L.-M. (2022), « Le risque est perçu comme normal », Entretien, Politis/ Basta, Numéro spécial Lanceuses et lanceurs d'alerte : pourquoi on ne les entend pas ?, Novembre – décembre 2022.  Texte en PDF.

· Barnier L.-M. (2022), « Hôtesses de l’air : de la statue iconisée au statut revendiqué », in Nacelles n°12, Des airs genrés ? Aéronautique et genre, Dossier : « Dans la cabine : dynamiques d’un univers genré. » Texte en PDF. Lien vers dossier Nacelles

· Barnier L.-M. (2022), « Patrons voyous ou politique d’entreprise ? », Chronique du procès en appel des dirigeants de France Télécom du 12 mai 2022. Lien vers la Petite Boite à Outils de Solidaires. Texte en PDF.

· Arnaud Mias, Sarah Abdelnour, Blandine Barlet, Louis-Marie Barnier, Claire Edey Gamassou, et al. (2021). Précarité d’emploi et conditions de travail, Expériences de l’emploi et expositions aux risques professionnels des travailleurs intérimaires, des auto-entrepreneur·es et des contractuel·les de la fonction publique. Post-enquête DARES.. [Rapport de recherche] IRISSO-Dauphine. 2021. <hal-03651665>. Texte en PDF. Lien DARES.

· Barnier L.-M. (2021), « L’entreprise éclatée contre la santé au travail », in S. Le Garrec (Dir.), Les servitudes du bien-être au travail, impacts sur la santé, Toulouse, Erès, p. 207 – 221.  Texte en PDF.

 

 

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TRIBUNE liberation.fr/idees-et-debats/     28 novembre 2022

 

Louis-Marie Barnier, Elena Mascova et Jean-Marie Pillon

Assurance chômage : les intérimaires n’ont pas à choisir entre le revenu et la santé

Le 21 novembre, le gouvernement a détaillé sa réforme de l’assurance chômage qui s’attaque à la durée d’indemnisation. Les salariés en contrats courts, soumis à des conditions de travail usantes, risquent de subir de réels impacts négatifs, s’alarme un collectif de chercheurs en sciences sociales.

 

Alors que le gouvernement annonce une nouvelle réduction du droit des chômeurs à un revenu de remplacement, nous, chercheur·euses en sciences sociales, souhaitons alerter l’opinion publique, les professionnels de l’emploi et nos concitoyen·nes sur les implications de ces modifications sur la santé des intérimaires.

La réforme de 2021 avait largement entamé les droits à l’assurance chômage des plus précaires : les droits ouverts par les périodes d’activité se traduisent par une répartition sur une durée plus longue et donc par un niveau moindre de revenu. Les salariés en contrats courts, notamment les intérimaires, ont subi particulièrement les impacts négatifs de cette réforme, les périodes intermissions, elles aussi fragmentées, étant alors couvertes par un revenu de plus en plus réduit.

La nouvelle loi s’attaque à la durée d’indemnisation, les salarié·e·s précaires verront la durée de leur indemnisation réduite si le gouvernement juge la «conjoncture» bonne. Les refus de CDI (même des CDI précaires tels que contrat de chantier ou contrat d’intérim à durée indéterminée) et les supposées absences de longue durée vaudront présomptions de démission, elles empêcheraient ainsi l’accès à l’assurance chômage. Par ces deux dispositifs, le gouvernement et ses alliés mobilisent une fois de plus le mythe d’un·e chômeur·euse responsable de son sort, d’un·e précaire qui choisirait la précarité – mythe que nos observations et travaux de recherche démentent.

Une hypocrisie sociale générale

Notre récente étude collective analysant le lien entre la précarité d’emploi et les conditions de travail éclaire d’un jour particulier ces modifications. De nombreux·ses intérimaires rencontré·e·s décrivent leurs situations de travail comme étant particulièrement pénibles. Considéré·e·s éternellement comme de «nouveaux embauchés» (suivant le mot d’un intérimaire rencontré), ils et elles sont souvent affecté·e·s à des tâches qui relèvent du «sale boulot» et subissent de ce fait une déqualification du travail.

Le mépris et les atteintes à la dignité participent de la construction de ce sous-statut de salarié·e. Face à un travail insoutenable, les périodes intermission, souvent couvertes par l’Unédic, représentent une respiration et leur permettent de tenir dans la durée. La baisse de rémunération annoncée amènerait ces travailleurs à des choix différents au détriment de leur santé.

Prétendre qu’une plus forte obligation d’emploi obligerait à améliorer ces conditions de travail, œuvre légitime par ailleurs, serait ignorer les enseignements de notre étude : ces mauvaises conditions de travail sont le fruit d’une hypocrisie sociale générale, depuis les directions d’entreprises utilisatrices friandes de cette main-d’œuvre précaire, les entreprises de travail temporaires partenaires de contrats commerciaux, les pouvoirs publics fermant les yeux entre autres sur la sur-accidentalité de cette population, jusqu’aux collectifs de travail qui assument une répartition du travail défavorable aux intérimaires.

A l’heure où le gouvernement se targue de vouloir réduire la désinsertion professionnelle, il serait bienvenu que l’attention se porte sur les 850 000 intérimaires (pour ne prendre que celles et ceux qui font plus de 400 heures dans l’année) soumis à des conditions de travail usantes mais qui auront de moins en moins la possibilité d’agir indirectement sur ces mauvaises conditions de travail… en les refusant.

par Louis-Marie Barnier, Chercheur associé au Lest-CNRS, Elena Mascova, Experte auprès des comités sociaux et économiques (CSE) et Jean-Marie Pillon, Maître de conférences à Paris-Dauphine

Louis-Marie Barnier, Elena Mascova et Jean-Marie Pillon sont co-auteurs du rapport «Précarité d’emploi et conditions de travail», Post-enquête Dares, juillet 2022. Texte en PDF.

 

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/assurance-chomage-les-interimaires-nont-pas-a-choisir-entre-le-revenu-et-la-sante-20221125_GTA4QSA27VAIBJX5UGJTCXU2LA/